PARFUM ! ! !

PARFUM ! ! !

Dès demain tôt le matin, des deux mains je peins,
Je ceins cet endroit sain, sur chemin de tes reins !
Moi le mâtin un peu félin, j’aime ce Rhin
Où glisse une onde apportant frissons,
À ce malin, qui vis en moi un fripon
Rendant trouble mon émoi pour ton doux bassin ;

Dès demain tôt le matin, des deux mains je peins,
Je ceins cet endroit sain, sur chemin de tes reins !
De tendresse, je te pose sur un chevalet
J’admire tout ébahi, ta peau couleur lait,
Non c’est sans aucune mauvaise bravade
Que je te décore de douces rasades ;

Dès demain tôt le matin, des deux mains je peins,
Je ceins cet endroit sain, sur chemin de tes reins !
Avec mon pinceau de ses poils un peu mesquin
Je taquine de volupté ces jolis monts,
Qui attise en moi, ce côté doux démon
Pour te faire chavirer, aux remous du Rhin ;

Dès demain tôt le matin, des deux mains je peins,
Je ceins cet endroit sain, sur chemin de tes reins !
Aucune faille dans ce tableau si parfait
M’incitant à délivrer poussières d’excès,
C’est dans un franc pur admirable abandon
Que je dépose sur ta toile jets divin ;

Toujours activer le dessin de son destin,
Pour en savourer toute la saveur sans fin !

Henry CANAAN